Dopage : 3 anciens pros vident leur sac – partie 1

Dopage pros bodybuilding

Obtenir des pros qu'ils parlent de l'utilisation des dopants, en particulier de la leur, est un objectif difficile. D'abord, vous avez les conséquences juridiques lorsqu'ils admettent reconnaître l'usage illégal de dopants, mais il leur faut également faire face aux dommages que cela créé à leur image publique. Voilà pourquoi MD est allé à la rencontre de ces légendes vivantes du sport, qui sont toutes à la retraite depuis longtemps, pour obtenir un véritable scoop sur les dopants : leurs avis sur les produits, leurs expériences en tant qu'utilisateurs et plus encore. Tout était permis et la franchise de certaines réponses vous surprendra.

Rappelez-vous, ce ne sont pas des ragots pour une fois, cela vient directement de la bouche de champions, et pas n'importe lesquels : Dorian Yates, Shown Ray et Kevin Levrone, des légendes du bodybuilding.

Quel âge aviez-vous quand vous avez fait votre premier cycle de stéroïdes ? Pensez-vous que vous étiez assez vieux ? Quel était le cycle et les résultats ?

S. R. : Je venais d'avoir 20 ans et j'avais obtenu la victoire au classement général du championnat national NPC pour adolescents à Atlanta, en Géorgie. Ça a été une période d'inquiétude pour moi. Je savais que les stéroïdes étaient présent au plus haut niveau, mais je n'ai jamais voulu que cela fasse partie de mon quotidien en tant qu'athlète. Pourtant, je savais aussi qu'il y avait des aspects bénéfiques sur la croissance, la récupération et la performance, et que ces médicaments étaient parfaits pour assister les culturistes dans leurs progrès et les aider à faire face à la concurrence.

Je mentirais si je disais que je n'avais pas peur mais, comme la majorité des culturistes ayant touché le succès, je voulais moi aussi traverser ce pont pour me rendre de l'autre côté. J'ai fait un cycle très léger d'Anavar Winstrol V pendant six semaines pour ce concours, et je me suis retrouvé dans le cercle de la victoire à nouveau, à peine cinq mois après être devenu le meilleur bodybuilder adolescent en Amérique. J'étais à présent le meilleur champion junior dans le monde, à l'âge de 20 ans.

Shawn Ray 17 ans

Evolution de Shawn Ray, 17 ans à gauche.

Ce qui était étrange pour moi, à propos de la prise de stéroïdes, c'est que j'avais toujours cru dans mon "potentiel génétique" pour remporter toutes les compétitions chez les adolescents au cours des trois dernières années, mais j'en suis venu à douter de moi lorsque je suis sorti de cette division, parce que j'étais en concurrence avec des gars plus âgés qui étaient plus massifs et plus matures que je ne l'étais. J'ai senti que l'ajout de produits serait un complément nécessaire au prochain niveau de concurrence, sur la base des informations que je recevais constamment de ceux qui étaient plus expérimentés que je ne l'étais.

Je me suis entraîné un peu plus dur, avec plus de conviction et plus d'appétit en utilisant les stéroïdes parce qu'on m'a dit, « les stéroïdes ne fonctionnement pas seulement parce que tu les prends, tu dois les faire travailler pour toi en t'entraînant plus fort que jamais et en appliquant un régime plus dur que tout le monde ! » Cela semblait être une sorte de n'importe quoi psychologique, mais je savais aussi que je tentais désespérément d'être le meilleur dans le monde, pas simplement d'être assez bon !

Shawn Ray

La barre était mise très haute pour moi à chaque victoire, et mon but dans le sport a toujours été de rendre fier mon mentor, John Brown. Il ne me permettait pas de faire preuve de complaisance, et a élevé mon entraînement à un autre niveau une fois que j'ai pris des stéroïdes.

Nous nous sommes entraînés plus longtemps et plus fort que jamais, avons pris le repos nécessaires pour une récupération complète, et avons également augmenté nos calories pour la croissance et la récupération. Ce sont des choses qui ne faisaient pas partie de mes préparations lors des concours pour adolescents, parce que la victoire était venue à moi facilement durant ces années. Maintenant que j'étais passé à un niveau de compétition supérieur, la victoire devait être gagnée parce que le terrain et les joueurs étaient tout à fait différents ! Ceux-ci n'étaient plus d'autres enfants, mais des types avec de nombreuses années d'entraînements.

D. Y. : C'était en 1985. J'étais âgé de 23 ans et j'avais décidé de participer à ma première compétition après un an et demi d'entraînement, pendant lesquels j'avais fait d'excellents progrès. Je savais que les autres personnes qui seraient en concurrence utilisaient ce genre de trucs, et je voulais équilibrer les chances. Ce fut une décision très délibérée que je n'ai pas prise à la légère, et j'ai lu autant que je pouvais à ce sujet. A 23 ans, je me sentais assez vieux. A cet âge, vous avez entièrement mûri physiquement, vous avez atteint votre taille adulte, et ainsi de suite. Même si ma période d'entraînement n'avait pas été incroyablement longue, j'avais déjà réussi à développer mon physique à un niveau décent. En regardant en arrière, j'aurais peut-être été capable de gagner ce concours sans utiliser quoi que ce soit.

J'ai fait un cycle avec 20 milligrammes de Dianabol par jour, ce qui m'a permis de passer de 215 livres (97 kilos) à 235 (106 kilos). C'était les résultats les plus spectaculaires que je voyais pour la première fois d'une prise de stéroïdes. J'ai arrêté le traitement 6 semaines puis, à huit semaines de mon concours, j'ai commencé un cycle de 15 milligrammes de Anavar par jour, ainsi qu'une injection de Primobolan une semaine, qui était de 200 milligrammes.

J'ai concouru à environ 210-215 livres (95-97 kilos) et j'ai gagné ce concours. Les fonctionnaires de l'EFBB [l'équivalent britannique du NPC] étaient là et m'ont convaincu de représenter le Royaume-Uni le week-end suivant, comme poids lourd, aux Jeux mondiaux IFBB. Je me suis placé septième, et j'ai participé avec des hommes comme Berry de Mey et Matt Mendenhall, qui étaient tous deux des poids lourds du top des amateurs dans leurs pays respectifs à ce moment-là.

Dorian Yates

Dorian Yates, 21 ans à gauche, 23 ans à droite (1985).

K. L. : J'ai fait mon premier cycle de stéroïdes quand j'avais 24 ans, presque 25, à six semaines de la sortie de mon premier concours. J'étais un homme adulte et je prenais mes propres décisions dans tous les aspects de la vie, depuis que mes deux parents étaient décédés. Mon cousin Chico est venu à ma maison avec une bouteille de cypionate de testostérone et une seringue, et il a dit: « Voilà. » Mais je ne savais pas comment charger la seringue et faire l'injection, alors je lui ai demandé de bien vouloir le faire pour moi. Je ne sais même pas combien il m'a donné, mais j'ai reçu une injection par semaine pendant six semaines. Voilà.

La première semaine, rien ne se passa. Une autre semaine passa, toujours rien. Je commençais à penser que les stéroïdes ne faisaient rien mais, dans la troisième semaine, j'ai commencé à devenir plus fort tout d'un coup, avec des muscles plus pleins. Je m'entraînais dans un petit club de sport appelé National Fitness, mais à ce moment j'ai décidé de rejoindre un Powerhouse près de moi à Linthicum, Maryland, où beaucoup de culturistes et haltérophiles allaient. Il y avait beaucoup de gars qui utilisaient ce genre de produits là-bas… et quelques gars qui en vendaient aussi.

Je ne savais pas que je devais suivre une diète pour le show. Je travaillais mes muscles toute la journée à l'époque, cela brûlait beaucoup de calories. Mes dîners étaient un Double Whopper avec du fromage de Burger King, et une crème glacée de McDonald. Avant ce cycle de six semaines, je pesais 198 livres (90 kilos). À la fin, j'étais à 206 (93 kilos). J'ai gagné le titre poids lourd. Un an plus tard, je faisais la même chose aux championnats mondiaux du NPC puis je suis devenu professionnel aux Nationaux à l'automne 1991, à 236 livres (107 kilos).

Kevin Levrone

Kevin Levrone, NPC Jr Nationals 1991 (à gauche).

Avez-vous pris des pauses sans aucuns dopants pendant certaines périodes de l'année ou avez-vous toujours pris de faibles doses, toute l'année ?

S. R. : A chaque fois que le Mr. Olympia était terminé en septembre, j'arrêtais les dopants jusqu'au nouvel an. Et ce, tous les ans.



D. Y. :  Comme je le disais, j'intercalais 2 périodes de 4 semaines entre mes trois cycles de huit semaines pendant le hors saison. Mis à part cela, j'en prenais continuellement mais à des doses modérées.


K. L. : Au milieu de ma carrière pro, je suis devenu « célèbre » en raison des mes périodes sans utilisation de dopants. Je passais 6 mois de l'année sans rien prendre. Les gens pensaient que j'étais fou ou paresseux de procéder de cette manière, et de ne pas essayer d'être énorme constamment. Mais, lorsque j'ai vu que je répondais si bien au traitement, j'ai réalisé que je n'avais pas besoin d'une grande quantité, et que je n'en avais pas besoin tout le temps. Je pouvais commencer à 12 semaines du concours, retrouver tous mes muscles et devenir bien sec avant le show.

Nous voyons les cycles de stéroïdes des meilleurs pros, passés et présents, affichés sur internet. En avez-vous déjà vu un qui semblait précis, ou pensez-vous qu'ils sont tous complètement fabriqués ?

S. R. : Je ne m'en suis jamais préoccupé parce que je n'ai jamais été intéressé par ce que les autres athlètes prenaient. Je crois que ce qu'ils font est personnel et ne me concerne pas. Je compare cette attitude à celle que j'ai vis à vis de la vie sexuelle des autres personnes. Je veux dire, vraiment… En quoi cela est-il nos affaires et à qui cela peut-il profiter ? C'est leur vie, leur voyage, laissez-les vivre comme ils veulent et faire ce qu'ils veulent, tant qu'ils ne blessent personne.

D. Y. :  Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais j'en ai vu plusieurs qui m'étaient attribués et qui étaient absolument faux. J'ai vu un site qui affichait les supposés cycles de tout le monde, de Steve Reeves à Arnold en passant par 50 Cent. Évidemment, la plupart sont fabriqués de toutes pièces. J'ai parlé à MD de ce que j'utilisais, il y a 20 ans. Je suis sûr que les choses ont changé depuis ce temps. Mais, je suis à la retraite maintenant et j'ai la liberté de dire ce que je veux et d'être honnête. Les athlètes actuels ont la pression des sponsors et des officiels pour qu'ils ne parlent pas de leur usage des dopants.

Mais, pour en revenir aux cycles, j'en ai vu sur internet qui détaillaient ce que j'étais supposé prendre, c'était à chaque fois n'importe quoi. Qui sait ce que j'utilisais ? Même ma femme à l'époque ne le savait pas. Les seuls gars qui le savaient étaient mes partenaires de l'époque. Leroy Davis a été mon partenaire de longue date et il utilisait généralement les mêmes choses que moi. Je peux vous assurer qu'il ne poste pas nos cycles sur internet.

K. L. : A moins que les cycles viennent directement du pro lui-même, comme nous le faisons dans cet article, c'est presque certainement n'importe quoi. Les gens essayent de faire passer tellement de choses pour des faits sur internet, alors que c'est souvent quelque chose d'inventé ou leur propre opinion. Je ne peux pas imaginer aucun top professionnel prenant des quantités massives de dopants pendant des années sans souffrir de sérieux problèmes de santé. C'est juste satisfaisant pour un bon nombre de gars de voir les cycles de fou que les champions prennent et dire « Ok, cela explique pourquoi il ressemble à ça et gagne tous ces shows, il prend des tonnes et des tonnes de dopants, c'est pourquoi je ne lui ressemble pas. »

Il y a beaucoup de débats sur la quantité de stéroïdes que les pros utilisent, de nos jours. La fourchette totale serait entre 3000 et 10000 milligrammes par semaine. Croyez-vous qu'ils utilisent de telles quantités ? Est-ce trop ?

S. R. : Je vous renvoie à la réponse que je vous ai donnée précedemment. Beaucoup de ces pros prennent des doses massives d'anabolisants, de HGH, d'insuline, d'alcool, de tabac, de nourriture, de suppléments et ainsi de suite. Au bout du compte, en tant qu'individu, avec ma propre carrière, mes propres problèmes, ma vie personnelle, ma famille et mon travail, pensez-vous vraiment que je passerais 5 minutes de ma vie à essayer de savoir ce qu'un autre bodybuilder introduit dans son corps ? Je ne peux pas l'arrêter. D'autant plus que, probablement, je ne le connais même pas. Alors, quel est l'interêt que je sache ce qu'une autre personne prend ?

Je ne peux pas utiliser les informations sur la consommation de dopants d'une autre personne et l'appliquer à moi-même, comme si nous arriverions à obtenir le même résultat alors que nous avons deux génétiques complètement différentes. Je suis Shawn Ray, cela veut dire que ma concentration et mon énergie m'appartiennent et ce qui marche pour moi est le résultat de la connaissance que j'ai dans mon corps. Fin de l'histoire.

Pourtant il semble y avoir une croyance comme quoi dupliquer les cycles spécifiques d'une personne mène à des résultats totalement similaires sur n'importe qui, que cela pourrait vous donner exactement le même physique que cette personne ! C'est tellement idiot que cela ne vaut même pas la peine qu'on en discute.

Shawn Ray en compétition

K. L. : Je n'ai jamais su ce que les gens prenaient dans le temps, et je ne sais pas non plus ce qu'ils prennent aujourd'hui. Je sais seulement ce que j'ai utilisé et ce qui a marché pour moi. A un certain point, les récepteurs ont besoin de s'arrêter. Il y a un point où seule une partie de ce qui est pris a réellement un effet. Vous parlez de gars qui prétendent prendre 10 grammes par semaine. Allons ! Cela fait suffisamment de dopants pour un cheval de 2000 livres (900 kilos), pas pour un homme de 250 livres (113 kilos). Je n'y crois pas. Et si quelqu'un utilise réellement des doses comme ça, il est soit pas très malin, soit il se moque complètement de sa santé, ou les deux.

Avant de vous laisser la parole, Dorian, je tiens à ajouter cela. La raison pour laquelle certaines personnes pensent que les bodybuilders d'aujourd'hui utilisent plus de stéroïdes, c'est que les dopants d'aujourd'hui sont souvent des faux ou sont terriblement sous-dosés. Alors qu'avant, ils étaient généralement beaucoup plus puissants. Êtes-vous d'accord ?

D. Y. : J'ai effectivement entendu parler de très fortes doses utilisées aujourd'hui. Des gens viennent me voir d'Angleterre et d'Espagne pour être entraînés, et souvent ils utilisent 5000 milligrammes de produit par semaine, ou plus. C'est totalement inutile. Et je crois que la basse qualité et le peu de puissance de ce qui circule de nos jours fait partie du problème. Dans les années 90, tout ce que nous utilisions était de qualité pharmaceutique. 250 milligrammes, après test, étaient toujours 250 milligrammes, et vous n'aviez pas à vous inquiéter que cela ne soit que 200 ou 100 milligrammes. Il n'y avait pas de marché noir à ce moment-là.

Maintenant, c'est totalement l'opposé. Il y a très peu de produits de qualité pharmaceutique, tout vient du marché noir, d'on ne sait où, fabriqué par on ne sait qui. Alors comment savoir ce que vous prenez réellement ? Le produit est-il réellement ce qu'il est supposé être ? La dose correspond-elle à ce qu'il y a marqué sur l'étiquette ? J'en doute sincèrement. Il y a beaucoup plus de profits à se faire en fabriquant des substituts moins chers de dopants ou des produits sous-dosés.

J'entends des gars dire qu'ils prennent 3 ou 4 grammes par semaine. N'importe quoi ! Si vous prenez réellement autant de produits, votre pression sanguine serait tellement haute et vous retiendriez tellement d'eau que vous ressembleriez à un poisson lune.

Dorian Yates

S. R. : Je pense personnellement qu'il y a énormément de faux produits sur le marché, et les athlètes ne parviennent pas à exercer leur devoir de diligence pour tester ce qu'ils prennent pour s'assurer de la qualité exacte des produits. Cependant, je sais aussi que la grande majorité des bodybuilders d'aujourd'hui, à la fois professionnels et amateurs, ont démarré leur carrière en utilisant des stéroïdes anabolisants sans jamais avoir bati une base musculaire solide sur laquelle construire de nouveaux muscles. Par conséquent, si vous démarrez le culturisme avec l'introduction de stéroïdes, après la première phase de gains initiaux, vous n'aurez nulle part où aller car tout a été construit synthétiquement. Cela laisse ces gars avec des ballonnements et des enflures, mais aucune fondation construite à la sueur de leur front ! Lorsque nous parlons de l'absence de qualité du muscle aujourd'hui, comparée aux jours passés, ce facteur compte énormément.

K. L. : Les stéroïdes du passé étaient de meilleure qualité. Peu de compagnies les fabriquaient, et la quasi-totalité d'entre-elles étaient de grandes entreprises pharmaceutiques. Syntex fabriquait des pilules d'Anadrol 2902 qui comprenaient 50 milligrammes chacune et étaient vraiment puissantes. Les produits de maintenant ne peuvent pas se comparer à ça. La GH utilisée alors était Humatrope par Eli Lilly, et c'était la meilleure. Maintenant, les gens ne peuvent se la procurer que par des patients atteints du SIDA.

La plupart des gars utilisent des mauvais produits chinois qui sont moins puissants. Le Winstrol V que nous utilisions était vendu en ampoule et devait se cristalliser dans la seringue. Maintenant, il y a des tonnes et des tonnes de différents dopants provenant de tant de laboratoires souterrains dont je n'ai jamais entendu parler. Des gars ont essayé de me demander ce que je pensais de tel ou tel dopant, mais je n'avais pas la moindre idée de ce dont ils me parlaient. Mais, je suis sûre que les produits de maintenant sont merdiques comparés à ce que nous avions 20 ans plus tôt.

L'attitude qui prévaut semble encore être « plus, c'est mieux » quand on parle des dopants aujourd'hui. De quelle quantité pensez-vous qu'un athlète ait besoin, ou est-ce très personnel, du cas par cas ? Certains gars en ont-ils moins besoin que d'autres ?

S. R. : Il ne fait aucun doute que le vieil adage du "plus c'est mieux" est applicable dans la mentalité du bodybuilding d'aujourd'hui, si on se base sur les mensurations des athlètes. Mais ne vous y trompez pas, à mon époque, dans les années 90, les bodybuilders avaient atteint des records en ce qui concerne les mensurations et la masse ! Il n'y a pas eu une plus grande ère dans le sport que les années 90, et je peux honnêtement dire que je parie qu'ils n'ont utilisé qu'une fraction de ce que les athlètes d'aujourd'hui utilisent. La preuve est dans la "qualité du muscle." Il suffit de regarder les détails et les performances des pros dans les années 90 en comparaison, y compris les plus grands gars, et vous y verrez beaucoup plus clair. De plus, par rapport à leur longévité, ils savaient que c'était un marathon et non un sprint. Combien de gars aujourd'hui sont ici un an et ont disparu l'année d'après ?

D. Y. : Quant à moi, j'en ai pris aussi peu que possible afin d'obtenir les effets désirés. Si les résultats n'étaient pas satisfaisants, j'augmentais la dose seulement selon mes besoins, ce qui est la façon logique de faire. Si vous pouvez obtenir de bons résultats avec 1000 milligrammes, par exemple, pourquoi en prendre 2000 ? J'ai connu des haltérophiles qui pouvaient utiliser 2 grammes de testostérone cypionate sur une semaine dans les années 90. C'était fou pour nous. Je ne peux pas dire ce que sont les quantités moyennes utilisées ou nécessaires. Je sais seulement ce que j'ai fait et ce qui a fonctionné pour moi. Jusqu'à ma première victoire pro à la Nuit des Champions 1991, je gardais toujours ma quantité totale en-dessous de 1000 milligrammes par semaine. Prendre de grandes quantités de testostérone n'était tout simplement pas fait dans les années 90, par rapport aux conversations que j'ai eu avec d'autres gars. Nous prenions une quantité modérée de testostérone avec de l'EQ [Equipoise] ou du Deca, et des produits oraux avec cela.

Maintenant, avec tous les accès aux produits du marché noir, il est apparemment très courant, pour les gars, d'utiliser 3 à 5 grammes de testostérone seule avant d'ajouter d'autres composés. Je ne peux vraiment pas vous dire davantage de choses sur ce que mes pairs utilisaient, parce que j'étais isolé à Birmingham et n'étais pas au courant de ce que les gars aux États-Unis faisaient. Peu importe, cela ne m'aurait pas affecté. J'ai fait les choses à ma façon et je me moque de ce que les autres ont fait.

K. L. : Je pense que ce dont a besoin une personne est à déterminer au cas par cas. Je veux dire, si vous regardez les doses pour de nombreux médicaments prescrits sur ordonnance, elles varient suivant les personnes. Une idée sur laquelle je n'ai jamais été d'accord est que vous ayez besoin d'augmenter vos doses pour continuer à voir les mêmes résultats. Je n'ai jamais augmenté mes quantités, seulement fait quelques petits changements. Mes cycles sont passés de six à huit semaines, et j'ai ajouté du Nolvadex comme anti-œstrogènes.

Prendre du volume n'a jamais été trop difficile pour moi. Mon poids hors saison était d'environ 278 livres (126 kilos). Lors de mon premier Mr. Olympia, j'étais à 227 livres (103 kilos), écorché jusqu'à l'os. Ce fut probablement ma meilleure performance. J'ai gagné la Nuit des Champions à 233 livres (106 kilos), quelques mois avant cela. J'ai participé de nombreuses autres fois entre 240 et 250 livres (109 et 113 kilos), mon poids le plus élevé était de 257 livres (117 kilos). Tout ce qui avait vraiment changé était mon entraînement et mon régime alimentaire.

Il est difficile de trouver un top amateur, et encore moins un pro ces temps-ci, qui n'utilise pas d'hormones de croissance et d'insuline avec des stéroïdes. Était-ce la même chose lorsque vous concourriez ? Sont-ils tous les deux nécessaires pour l'esthétique, aujourd'hui, à haut niveau ?

S. R. : Ce qui est triste, c'est que la nouvelle génération ne veut pas discuter ou lire à propos de l'entraînement et de la nutrition. Elle est obsédée par les dopants, probablement parce que cela colle avec la « gratification instantanée » qui définit la mentalité du monde d'aujourd'hui.

D. Y. : J'ai utilisé de l'hormone de croissance durant mes phases de concours. La première fois que j'en ai pris, c'était pour la Nuit des Champions en 1991 et Mr. Olympia. Je prenais 4 UI par jour alors que j'étais au régime, et je ne peux pas dire que j'ai remarqué beaucoup de différence en l'ajoutant. Pour mon hors-saison en 1992, j'ai doublé à 8 UI par jour constamment, et j'ai vu de meilleurs résultats. J'avais atteint un plateau, et cela m'a aidé à atteindre le prochain niveau. J'ai eu des gains très importants cette année mais, malheureusement, j'ai raté ma diète pour ma première victoire de M. Olympia 1992, de sorte qu'ils n'ont jamais été vus. Je savais que je serais le gars le plus massif là-bas de toute façon puisque Haney s'était retiré, donc ma préoccupation était d'être aussi écorché que possible.

Pour 1993, j'ai tout fait à l'identique par rapport à l'année précédente, y compris les produits et la GH, mais j'ai été moins zélé dans ma préparation. En conséquence, cela est apparu comme si j'avais fait un énorme bond en volume par rapport à l'année précédente. Mais, ce que vous avez vraiment vu était les gains que j'avais fait durant plus de deux hors-saisons.

Quant à l'insuline, je ne l'ai utilisée qu'en 1997 pour le hors-saison menant à ma sixième et dernière victoire de M. Olympia. J'étais plus massif que jamais, mais ce n'était pas du muscle de qualité, et mon abdomen était distendu. Certains croient que vous devez utiliser toutes les choses à votre disposition. Pour moi, l'insuline a eu un impact global négatif sur mon physique. Il m'a empêché d'atteindre l'état physique habituel qui me rendait fier. La masse brute n'est pas la même chose que du muscle de qualité. J'en ai obtenu plus, mais au détriment de séparations musculaires claires. Je vois constamment la même absence de séparation aujourd'hui chez les gars, ainsi que les mêmes abdos distendus. Je ne suis pas sûr de quels mécanismes sont responsables. Vous pouvez théoriser que cet abdomen distendu provient de la croissance des organes internes, mais si tel était le cas, mon ventre aurait toujours été gros.

K. L. : L'hormone de croissance était encore relativement nouvelle sur la scène quand j'ai commencé la compétition en tant que pro. Les gens ont fait beaucoup de bruit à ce sujet, et il y a eu beaucoup de battage médiatique autour. Je dois préciser ce que je disais sur le fait de ne rien changer à ce que je faisais, parce que j'ai essayé la GH deux fois. Quand j'ai gagné l'Arnold Classic en 1996 à 257 livres (117 kilos), je l'ai utilisée deux fois par jour tous les jours pendant les quatre dernières semaines jusqu'au spectacle. J'ai aussi utilisé de l'insuline pour ce spectacle, deux UI de Humulin R après ma séance d'entraînement avec un repas et avec un autre repas un peu plus tard. Cela m'a aidé à gagner plus de 15 livres (7 kilos), mais ce n'était pas du muscle de qualité, comme l'a dit Dorian.

Pour moi, j'avais l'air un peu mou et aqueux, même si j'ai gagné. Je l'ai utilisé de nouveau l'année d'après pour le show Arnold, et cette fois cela a tellement tiré mon physique vers le bas que je me suis placé huitième. Cela a été le plus bas classement de ma carrière dans un concours et même la seule fois où j'ai été hors du top 6 en tant que pro. Alors je dis, jetez ce genre de produits.

J'ai fait M. Olympia cette année-là en étant aussi ecorché que d'habitude, puis je me suis placé septième au Grand Prix shows en Europe. Je les ai tous gagné sauf celui en Russie auquel Ronnie est venu. Tout cela me fait penser que la GH et l'insuline sont préjudiciables à mon physique. Ils ont fait gonfler mon abdomen et flouté mes séparations musculaires. Ils vous donnent du volume, certes, mais n'améliorent pas votre physique.

Quel était le cycle de dopants typique pour vous durant vos phases de préparation de concours et durant les hors-saison ?

S. R. : il n'y a jamais rien eu de « typique » à propos de mon approche de la compétition. C'était différent chaque année, comme j'aime le changement et la variété. Il n'y a jamais eu un moment ou un médicament spécifique qui m'a intéressé au point où je devais regarder le calendrier comme s'il était un guide pour mon entraînement et la préparation du concours. Je me suis entraîné toute l'année pour M. Olympia, à des moments avec plus d'intention qu'à d'autres. J'ai eu mes périodes de repos et ainsi de suite, mais je n'ai jamais défini le temps pendant lequel un cycle devait avoir lieu. Je n'ai jamais compté mes calories, pesé ma nourriture, pris des mesures de mon corps ou laissé le volume guider mes progrès. Un cycle de médicaments n'a pas non plus dicté mon attitude lorsqu'il était temps pour moi de me préparer pour un spectacle. Je n'ai jamais eu un bouton que je devais cliquer pour être prêt, j'étais toujours prêt toute l'année.

L'introduction de stéroïdes entrait en jeu seulement quand j'étais dans un processus de dégraissage tout en essayant de conserver le muscle. Les différents médicaments ont été fabriqués à des fins très différentes, donc je n'ai jamais eu un cycle de dopants "typique" parce que je n'ai jamais eu besoin du même produit pour chaque aspect de ma phase de sèche. Une analogie de la "voiture" serait utile ici. Une voiture est utilisée pour aller du point A au point B. Toutefois, une personne qui achète une voiture spécifique peut le faire pour de nombreuses raisons différentes, à savoir, la taille, le style, la marque, le modèle, la vitesse, l'espace intérieur, etc. Il y a des milliers de voitures pour que chaque personne qui cherche à acheter une voiture trouve celle qui lui convient.

Shawn Ray

D. Y. : Permettez-moi de souligner que ce qui suit ne constitue pas une recommandation, ce n'est que ce que j'ai utilisé. C'est le cycle que j'ai suivi vers 1993 dans les 12 dernières semaines avant le concours de Mr. Olympia :

  • Hebdomadaire : Testostérone 300 mg, Parabolan 152 mg et Primobolan 500 mg.
  • Au quotiden : Anavar 50 mg, Hormone de croissance 8 UI.

Généralement, je faisais aussi 3 cycles de 8 semaines pendant le hors-saison, et cela était constitué de produits de base comme Deca et D-bol. Je commençais par faire 4 semaines à la dose maximale, puis je réduisais sur les 4 semaines suivantes avant de prendre 4 semaines de congé et de répéter le processus. Voici le cycle hors-saison haut de 4 semaines typique :

  • Hebdomadaire : Testostérone 750 mg, Deca 500 mg.
  • Au quotiden : Dianabol 50 mg.

Comme je l'ai dit il y a quelques années en arrière, je suis désolé si ces doses déçoivent ceux d'entre vous qui s'attendaient à quelque chose de plus extrême.

K. L. : C'était une simple progression. Mon tout premier cycle était simplement avec de la testostérone cypionate, une seule injection par semaine. Je pense que je prenais 400 mg par semaine. Après avoir gagné le concours dans mon état et décidé que je voulais devenir pro, ce que j'ai fait l'année suivante, j'ai augmenté un peu les doses. J'ai pris de la testostérone jusqu'à 600 mg par semaine, et j'ai ajouté environ 400 mg de Deca et deux Anadrols par jour, ce qui fait 100 mg par jour ou 700 mg par semaine.

Ce fut mon cycle hors saison pendant lequel j'ai gagné 30 livres (14 kilos) entre les shows amateurs de 1990 et 1991. Pour ma préparation, j'ai voulu ajouter deux ampoules de 50 mg de Winstrol V, deux fois par semaine, de sorte que je prenais 200 mg par semaine de Winny. A quatre semaines du show, j'arrêtais la testostérone, le Deca et l'Anadrol. La testostérone et le Deca avaient une longue durée d'action, de sorte qu'ils continuaient à fonctionner pour encore quelques semaines. A deux semaines du show, je commençais à prendre 20 mg par jour de Halotestin en cachets. Donc, j'allais aux shows sous Winstrol et Halo. Les plus longs cycles que j'ai pu faire ont duré 12 semaines. Ils faisaient généralement huit semaines dans les premières années.

Dorian, vous êtes bien au courant de la réaction des gens à vos déclarations. Ils vous ont traité de menteur et ont déclaré que vous aviez déclaré des doses plus faibles pour faire croire que vous ne preniez pas de grosses doses pour ressembler à ce que vous ressembliez.

D. Y. : Eh bien écoutez, le cycle que j'ai listé ci-dessus pour ma préparation date de 1993, et il comptait à peu près 1.500 mg au total. Je n'ai jamais dit que je n'avais pas augmenté les doses au fil des années qui ont suivi. Je suis très méticuleux et conserve les dossiers de toutes mes séances d'entraînement, de mes repas et de mes cycles de médicaments. À un moment donné, j'ai utilisé dans les 2500 mg par semaine durant ma hors-saison, mais je n'ai pas vu plus de bénéfices que lorsque j'en prenais 1500 mg. Encore une fois, tout ce que j'ai dit était réel. Parabolan était vendu en ampoules de 76 mg, et il était très puissant. Aucune personne à qui j'ai pu parler n'a utilisé plus de trois ampoules par semaine. J'entends parler de gars utilisant désormais 1.000 mg par semaine de trenbolone, ce qui est scandaleux. Si vous avez une bonne génétique, vous n'avez vraiment pas besoin de méga-doses. Je crois honnêtement que Ronnie Coleman était vraiment naturel quand il est devenu professionnel en 1991 à 215 livres (97 kilos).

Les gars qui viennent à moi en prennant les doses les plus élevées sont généralement des amateurs frustrés qui manquent de génétique pour devenir pros. Ils essaient de compenser en utilisant des tonnes et des tonnes de produits, mais cela ne fonctionne pas de cette façon. Les trafiquants de drogue veulent faire croire que tout le monde peut être un bodybuilder pro, et même concourrir dans le Mr. Olympia, si seulement vous êtes prêt à prendre de plus en plus de médicaments. Ce n'est pas vrai et les gars qui ont besoin d'entendre cela sont dans le déni et refusent d'écouter. C'est comme si vous écrasiez leurs rêves, mais en attendant, ils jouent avec leur santé, pour quoi ?

Quels étaient vos produits préférés pour la hors-saison et la préparation de concours ? Aviez-vous des dopants favoris ?

S. R. : Je ne vais pas répondre à cela, et voilà pourquoi. En tant que bodybuilder, nous aimons la « pureté » du bodybuilding, ce qui veut dire l'entraînement, la compétition, la pose, la préparation et la camaraderie. Utiliser des stéroïdes n'a jamais été un aspect plaisant pour moi, même discuter d'eux. J'avais un dédain personnel pour toutes les formes de dopants dans notre sport, je les voyais comme un mal nécessaire qui coexistaient avec mon premier amour. La dernière chose que j'ai envie de faire c'est déballer les choses que je faisais, car je sens que ça encouragerait des gens à rechercher les produits parce que c'est ce que Shawn Ray utilisait. Si c'était bon pour lui, c'est bon pour moi aussi ! Non, je ne veux prendre aucune part là-dedans.

D. Y. : Je vais répondre. Equipoise ou EQ a été quelque chose que j'ai aimé pendant mes années d'entraînement. Le bon vieux D-bol a été le premier dopant que j'ai utilisé et c'est toujours mon petit favori. Tous les gars aux USA adorent le Winstrol. Je pense qu'il craint. L'injection a toujours été très douloureuse et je n'ai jamais pensé qu'il avait quelque chose de spécial.

Kevin Levrone

Ronnie Coleman gagne le Mr Olympia 2002 et Kevin Levrone (à droite) termine second…

K. L. : Cypionate de testostérone, Deca et Anadrol ont toujours bien fonctionné pour moi. C'étaient des basiques, vous ne pouvez pas vous tromper avec eux. Je ne peux pas dire que j'ai essayé des produits auxquels je n'ai pas répondu ou auxquels j'ai mal réagi, pour la simple raison que je n'ai pas essayé beaucoup de choses.

Source : MuscularDevelopment Mag, Février 2015 - Ron Harris.

A propos de l'Auteur

Stephen, coach sportif, diététicien, pratiquant de musculation depuis 28 années, et créateur du site.

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